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Les traces algériennes

Une collection de films documentaires

 

Natacha Cyrulnik, réalisatrice, explique d’abord son investissement audiovisuel en fonction de la rencontre humaine: l’idée de porter un regard sur ceux que vivent aujourd’hui les enfants ou les petits-enfants de ces algériens qui ont dû quitter leur pays, il y a bientôt 50 ans ou plus tard parce qu'ils l'ont choisi, est un prolongement de cette démarche.

 

Le parcours d'une idée

" En tournant en 2001 «L’enfant revient quand on vieillit» (26’), j’ai pu vérifier que les personnes très âgées (85-102 ans) se décrivaient essentiellement en fonction des quinze premières années de leur vie. Comme si le reste n’avait pas existé! Ou si peu! Il y avait bien le mariage qui était évoqué, la naissance des enfants aussi. Mais ce qui semblait essentiel, ce dont ces personnes avaient le plus envie de parler, c’était ces premières années de leur vie! Seule la guerre d’Algérie semblait être un sujet qui valait la peine que l’on s’y attarde un peu plus. Le film se tournait entre Hyères et La Seyne-sur-mer. Était-ce parce que beaucoup d’algériens avaient débarqué en Paca que ce sujet était si présent, si pressant? Ou bien était-ce parce que c’était un tournant décisif dans leur vie, un bouleversement énorme ?

Depuis ce constat, la présence de cette guerre et de ses conséquences au quotidien s’est affirmé au fil des rencontres. Si l’on considère que le film documentaire de création est un bon moyen pour laisser la trace d’une mémoire, il est aussi un catalyseur d’émotions dès que la caméra se pose sur une personne. De cette rencontre entre le réalisateur et la personne face à la caméra, un complicité naît qui permet de faire surgir des moments d’une grande complicité. Le thème de l’Algérie est revenu quelque fois au grés des tournages et des échanges. Celui des conflits ou de la nécessité de quitter un pays aussi.

Puis, je suis allée à la rencontre des anciens du chantier naval de La Seyne-sur-mer, pour «La Navale vivra autrement!». Nos premiers échanges ont eu lieu lors de la destruction du dernier bâtiment qui restait des chantiers. Un lien s’est tissé à partir de cela pour me faire découvrir l’architecture de ces bâtiments qui n’existaient plus, ce qu’ils y ont vécu, et ce qu’ils projettent. Un territoire fantôme était visité.

En 2006, alors que je tournais «Un autre chemin d’écoliers» (62’) les jeunes primo-arrivants qui avaient entre 16 et 20 ans, et qui avaient un an pour découvrir la langue française, cette culture, leur nouveau quartier, leurs papiers administratifs à mettre en règle, et faire le choix d’un métier, témoignaient tous d’un renoncement à leur pays d’origine très fort. L'Algérie était un peu présente, mais c’est le fait d’avoir quitté leur pays d’origine pour la France qui reliait ces enfants. Pour certains, il s’agissait d’une fuite, pour d’autres d’un simple regroupement familial. La présence de ces origines diverses était leur point commun. Je les ai suivi pendant un an. Ils avaient du mal à parler. Il avaient du mal à parler en français et ils avaient du mal à formuler quoi que ce soit sur leur propre situation parce qu’ils avaient tellement de nouvelles informations à intégrer qu’il fallait du temps pour les digérer.

 

L'intention

Traiter aujourd’hui de l’Algérie vue de la France, pourrait être le prolongement d’une réflexion sur l’intégration dans une nouvelle culture en assumant ses origines comme à titre d’exemple, avec le bénéfice du temps! Les mots sont plus possibles aujourd’hui qu’en 1962. Des évènements personnels ont permis d’une manière ou d’une autres d’intégrer ce bouleversement. La vie a repris le dessus. Des enfants et des petits-enfants sont nés. Cette expérience parfois douloureuse s’affirme alors comme un espoir pour apprendre à se construire avec ce bagage.

Aborder l'Algérie quand on est en France c'est parler à la fois au passé et au quotidien.

Nous avons choisi de commencer à aborder ce sujet à travers deux femmes, Dany et Nadia, dans "Les traces algériennes", 49', 2011. La première a quitté Alger en catastrophe alors qu'elle avait 10 ans, la deuxième a choisi de venir vivre en France plus tard à l'âge de 23 ans. A partir de ces deux femmes, et de leur entourage proche, une manière de penser à l'Algérie quand on vit en France se profile.

Naturellement, l'idée se prolonge en accompagnant Dany et sa fille (qui dit dans le premier film qu'elle ne connait rien à l'Algérie mais que ça coule dans ses veines!),à Alger ("Une partie de moi, d'autrefois"), puis Nadia et ses cousines à Oran ("Les cousines d'Oran") pour voir leur manière d'y revenir...

L'ensemble de ces films documentaires décrivent un rapport intime entre la France et l'Algérie... 

«Les traces algériennes» proposent une forme inscrite dans la force du témoignage, et dont l’interrogation principale consisterait traduire la transmission du non-dit, des traces qu’il laisse, par le biais du film documentaire.

 

Aux États généraux de Lussas l’été 2008, Marie José Mondzain s’interrogeait avec Jean-Louis Comolli et Patrick Leboutte sur la place du spectateur face à un film documentaire. Elle a décrit ce que peut être un film sur la transmission qui correspond exactement à ce que «Les traces algériennes» voudrait être :

 

«Faire vivre ce qui n’est plus sans l’empailler mais avec un fil d’Ariane à rembobiner pour faire apparaitre quelque chose de partageable, rendre hommage à la vie qui se transmet, rendre hommage anthropologiquement de ce déplacement transgénérationnel avec une possibilité d’avenir de ceux qui ne sont pas encore, se débarrasser des morts, partager la vie qu’ils laissent derrière eux, croire, avoir la foi, la crédulité et la confiance, c’est ce que propose le cinéma

 

Les traces algériennes 2011, 49'

Une partie de moi, d’autrefois 2011, 32'

Les cousines d’Oran, juilllet 2013, 43'

 

"Les traces algériennes" (le 1er film de la série) a été projeté :

- le 6 octobre 2011 à la salle Apollinaire de La Seyne-sur-mer

- le 8 novembre 2011 aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône, centre d'Aix-en-Provence.

- le 9 Mars 2012 à l'Université Paris 8, dans le cadre du colloque-projection "Le documentaire algérien".

- le 20 avril 2014 au cinéma Le Plaza à Marmande.

 

"Une partie de moi, d'autrefois" (le 2e) a été projeté:

- le 6 octobre 2011 à la salle Apollinaire de La Seyne-sur-mer

- le 8 novembre 2011 aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône, centre d'Aix-en-Provence.

- Le 10 Novembre 2012 à la Villa Arson à Nice, organisé par l*Eclat.

- Le 17 Novembre 2012 à la Bibliothèque départementale desBouches-du-Rhône à Marseille.

- le 20 avril 2014 au cinéma Le Plaza à Marmande.

- le 29 Novembre 2014 dans le cadre des Rencontres du Réel, au cinéma de Buisson-Cadouin (Dordogne).

 

"Les cousines d'Oran" (le 3e)

- le 12 mai 2014 au lycée professionnel de Marignane

- le 8 juillet 2014 au centre Nelson Mandela de La Seyne-sur-mer.

 

Visualiser le pdf de l'article de La Provence du 10-11-2011

Article de La Provence sur Les traces algériennes de Natacha Cyrulnik

 

 


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